Environnement

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Les jardins : un condensé d’art paysager

Les jardins, un condensé d'art paysager

Loin de se résumer à la seule intervention d’André le Nôtre entre 1660 et 1700, le domaine de Saint-Cloud témoigne de l’évolution de l’art des jardins de la fin de la Renaissance jusqu’à nos jours. Parcourez quatre siècles d’histoire en une seule visite !

Quatre siècles d'histoire

XVIe siècle : les jardins en terrasse de la maison des Gondi

En 1577, Catherine de Médicis offre à son écuyer, Jérôme de Gondi, un petit domaine de 13 arpents sur le coteau dominant la Seine. Il fait aménager une maison de plaisance entourée de jardins en terrasse, sur le modèle des villas de la Renaissance italienne, ponctués de parterres de broderies, de statues, de fontaines, de bassins et de grottes.

Le bassin carré du Grand Jet, dont la hauteur et la puissance du jet d’eau sont toujours aussi spectaculaires aujourd’hui, est le seul élément qui subsiste de cette période.

Le bassin du grand Jet
Le bassin du grand Jet

Séverine Drigeard

XVIIe siècle : points de vue et grandes perspectives

Remaniée par le financier Barthélémy Hervart à partir de 1655, la propriété est achetée en 1658 par Philippe, duc d’Orléans, dit Monsieur, frère unique de Louis XIV. André le Nôtre trace le dessin du parc, dont la surface est portée à plus de 400 hectares.

Il lance deux axes principaux à partir de la terrasse du château. L’axe nord-sud comprend le bassin du Fer à Cheval et l’allée de la Balustrade. La grande perspective s’étend sur plus de deux kilomètres, d’est en ouest, à l’arrière du château. Aux grandes terrasses d’apparat richement ornées de parterres, de statues et de bassins succèdent de simples carrés boisés. Le Nôtre réussit un chef-d’œuvre qui se joue des fortes pentes et de l’irrégularité du terrain.

La perspective est-ouest, de la terrasse du château aux 24 Jets.
La perspective est-ouest, de la terrasse du château aux 24 Jets.

© 4vents /CMN

XVIIIe siècle : bosquets et amphithéâtres de verdure

Propriétaire du domaine à partir de 1744, Louis-Philippe de Chartres, arrière-petit-fils de Monsieur, fait intervenir un nouveau paysagiste, Pierre Contant d’Ivry. Adepte du style rocaille, il met à profit les pentes du parc pour créer une série d’amphithéâtres de verdure conçus suivant des tracés de courbes et de contre-courbes. Après le parterre de la Lyre dans le Petit–Parc et le Fer-à-Cheval face à la façade sud du château, il dessine le violon de la Brosse à Ville-d’Avray, qui conduit à l’éphémère petit château de la Gaÿeté, construit en 1748 et détruit dès 1755.

Le Fer-à-Cheval face à la terrasse du château
Le Fer-à-Cheval face à la terrasse du château

Eric Sander

XIXe siècle : le jardin du Trocadéro

Au XIXe siècle, le modèle des parcs paysagers s’impose avec la création du jardin du Trocadéro de 1823 à 1826. Le tracé du jardin est caractérisé par un réseau de chemins sinueux bordés de pelouses ou de massifs, qui composent des scènes variées au fil de la promenade.

En 1852, Louis Napoléon Bonaparte achète le domaine de Villeneuve-l’Etang, sur la frange ouest du domaine et intègre ainsi 71 hectares de parc « à l’anglaise ». Dans ce cadre vallonné, il fait construire par les architectes Arveuf et Clerget une ferme modèle dans le style pittoresque imité des chalets suisses.

La pièce d’eau du jardin du Trocadéro
La pièce d’eau du jardin du Trocadéro

Eric Sander

XXe siècle : un jardin sans château

Après la destruction du château, une mosaïque de fleurs est créée sur les pentes de la colline de Montretout, en surplomb de la terrasse du château. Longue de 60 mètres, elle se compose de plus de 20 000 plantes. Un gabarit permet la réalisation cette frise végétale dont le motif varie tous les ans.

Le classement de l’ensemble du parc parmi les sites en 1923, puis parmi les monuments historiques en 1994, ainsi que l’attribution du label « Jardin remarquable » en 2005, ont contribué à affirmer la valeur patrimoniale du domaine.

la mosaïque végétale
la mosaïque végétale