Histoire

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La fête à Saint-Cloud

fête foraine

Saviez-vous que la fête de Saint-Cloud date du XVIIIe siècle ?

Sous l'Ancien Régime

La fête de Saint-Cloud, qui a lieu chaque année dans le Bas-Parc, est de tradition fort ancienne. Elle remonterait au pèlerinage qui s’accomplissait le 8 septembre au tombeau du saint qui avait donné son nom à la ville. Par ses attractions de toutes sortes, ses étalages en plein vent, ses boutiques, elle attirait en foule les Parisiens.

À partir de 1773, elle revêtit un éclat bien plus grand encore du fait des visites fréquentes de Marie-Antoinette, dauphine puis reine. Rien ne l’attirait davantage que cette fête populaire où elle aimait se mêler à la foule, admirant les jeux d’eau de la Cascade. Elle se promenait dans les jardins en compagnie du Comte et de la Comtesse de Provence, de Madame Élisabeth, allait jusqu’au bal, assistait au feu d’artifice. La foule, sensible à sa jeunesse et à sa beauté, l’accueillait aux cris de "Vive la Reine". Cet enthousiasme fut de courte durée et les Parisiens dirent bientôt qu'ils allaient à Saint-Cloud "voir jouer les eaux de l'Autrichienne".

En 1789, la convocation des États Généraux, la prise de la Bastille, la nuit du 4 août, l’anxiété grandissante, éloignèrent des esprits les joyeuses promenades à Saint-Cloud. Les gazettes ne font pas mention de la fête de septembre cette année-là. Cependant en 1791 et 1793, la tourmente révolutionnaire grandissante n’empêcha pas les Parisiens de se rendre en foule à leur fête préférée : l’affluence était telle qu’il fallut doubler les gardes nationaux au ponton d’embarquement du pont Royal. Car pour amener tout le monde à Saint-Cloud, outre les mille espèces d’attelages, carrosses à quatre places (2 livres 10 sols par personne), coches à seize places (15 sols), charrettes où l’on s’empilait debout (5 sols), on préconisait fort le trafic par eau. Louis Balthazar Néel parlait de "voyage par mer" dans son ouvrage plein d’humour sur le trajet de Paris à Saint-Cloud.

Tableau La fête de Saint-Cloud par Jean-Charles Develly
La fête de Saint-Cloud par Jean-Charles Develly

© Reproduction Philippe Berthé / CMN

De la Révolution au Ier Empire

Une affiche nous apprend que le 3 Vendémiaire An VI de la République (24 septembre 1797), une très grande fête est prévue dans le parc de Saint-Cloud. Au programme : feu d’artifice, bal dans l’Orangerie, illumination du château et du parc, jeux d’eau, balançoires, exposition d’objets d’art dans les grands appartements du château. Sont aussi organisées une loterie de quelques pièces de grande valeur tirée en fin de journée et un loto installé dans l’ancien salon des Jeux de la femme Capet. 

Toutes ces distractions organisées par l’ancien capitaine concierge de la reine, le sieur Legriel, sont offertes au public pour la somme de 3 livres. Une heureuse gagnante tirera 2 statues estimées 15 000 Frs.

En 1795, ce sera "son Altesse sérénissime" Téréza de Cabarrus, future reine du Directoire, qui honorera de sa présence la fête de Saint-Cloud.

En septembre 1803 et 1804, la fête foraine et la foule qu’elle attire incitent le préfet de police à prendre une ordonnance concernant la circulation des voitures sur les ponts de Sèvres et de Saint-Cloud pendant la durée de l'évènement. Fouché note avec fierté : "Je n’ai pas appris qu’il soit sorti de la foule qui était immense un seul propos contre le Gouvernement".

En 1805, la présence de l’Empereur et l’Impératrice au palais réhaussa encore le succès de la fête, ce qui fera dire aux gazettes : "Heureux le peuple qui se livre si franchement à la joie, heureux le souverain qui règne sur un tel peuple".

Détail du tableau "La fête de Saint-Cloud" par Jean-Charles Develly
Détail de La fête de Saint-Cloud par Jean-Charles Develly

© Reproduction Philippe Berthé / CMN

Sous la Restauration

En 1814, la présence de la Duchesse d’Angoulême suscite le plus vif enthousiasme lors de la fête de septembre. Elle y fut reçue aux cris de "Vive Madame, Vivent les Bourbons" par ce même peuple de Paris, qui, l’année auparavant, criait "Vive l’Impératrice". Mais, nous dit la gazette, la fête n’eut cependant pas le même éclat que les années précédentes.

1815 voit surtout la présence des soldats anglais, prussiens et russes. Les Parisiens, pour éviter le désagrément de les rencontrer, étaient pour la plupart restés chez eux. C’est toutefois pendant cette fête de 1815 que le préfet de Seine-et-Oise décida de percevoir une taxe de 3 centimes par jour pour chaque baraque, au profit de la commune pendant toute la durée de la fête.

En 1816, la foire rouvrit ses portes avec le même succès que par le passé. En l’absence de la Cour, les appartements du château étaient ouverts au public. Miss Mery Berry, écrivain anglais, décrit l’animation, la gaieté, la bonne tenue, qui règnent au milieu de cette foule en liesse. Un bateau à vapeur, l’Espérance, faisait maintenant le trafic de Paris à Saint-Cloud et pouvait embarquer 200 passagers.

En septembre 1820, parc et château furent illuminés en l’honneur de la naissance du Duc de Bordeaux, fils posthume du Duc de Berry et futur Comte de Chambord. Jusqu’en 1830, les Enfants de France, c’est-à-dire le Duc de Bordeaux et sa sœur, ne manquèrent jamais d’aller à la foire du Bas-Parc. Ils y trouvaient de nombreuses boutiques, des ménageries aux animaux savants ou rares, éléphants et crocodiles, qui exerçaient sur eux le plus vif attrait.

Détail de La fête de Saint-Cloud par Jean-Charles Develly
Détail de La fête de Saint-Cloud par Jean-Charles Develly

© Reproduction Philippe Berthé / CMN

De 1830 à la fin du XIXe siècle

Sous la Monarchie de Juillet, la fête continua à battre son plein, parfois honorée de la présence des princes d’Orléans. Bals, spectacles, cafés, restaurants, cirques se multipliaient d’année en année. Il y avait trains spéciaux, diligences supplémentaires et départs consécutifs des bateaux à vapeur jusqu’à 7 heures du soir du Pont Royal. Le prix du billet aller et retour était de 1 franc pour les diligences et 75 centimes pour les wagons.

À partir de 1848, la fête s’étendit jusqu’à l’avenue du Palais. Quarante nouvelles baraques s’installèrent, le Café Legriel, bal public, restaurant situé à l’angle de l’avenue et de l’allée centrale du parc, était un des plus célèbres.

Sous le Second Empire la fête ouvrait le 2 septembre. Dès la veille, les baraques des marchands de pain d’épice et les théâtres forains envahissaient le Bas-Parc ainsi que les ménageries et les animaux savants, les tirs et les tourniquets, et l’on y voyait le Prince Impérial en sortir les bras chargés de mirlitons et de pains d’épice.

Après l’incendie du château, septembre 1870 ramena dans le Bas-Parc la foire traditionnelle et avec elle, sinon la gaieté du moins le mouvement : une foule bruyante et déjà oublieuse de ses malheurs.

L'empereur et le prince impérial à la fête de Saint-Cloud
La fête de Saint-Cloud, promenade de Sa Majesté l'Empereur et de S.A. le Prince Impérial par Godefroy Durand

© Pierre Coudert / Centre des monuments nationaux

À écouter

Écoutez la lettre sur la fête imaginée par Eden, Noam-Naëlle et Noam, élèves en CM1 à l'école des Raguidelles de Suresnes.

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