Histoire

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Histoire du domaine national de Saint-Cloud

Situé à l’Ouest de Paris en bordure de Seine, le domaine national de Saint-Cloud s’étend sur 460 hectares et bénéficie d’un cadre exceptionnel aux portes de la capitale. Mais connaissez-vous l’histoire de ce lieu de villégiature des familles princières, royales et impériales ?

Un haut-lieu de l'histoire de France

Meurtre dans un jardin à l’italienne

Tout commence en 1577 : Catherine de Médicis fait l’acquisition de l’Hôtel d’Aulnay sur les hauteurs de Saint-Cloud.

Elle en fait don à l’un de ses fidèles écuyers, Jérôme de Gondi, banquier italien issu, tout comme elle, d’une grande famille de Florence.

Ce dernier y fait bâtir une maison de plaisance entourée de jardins en terrasse. 
Ce refuge bucolique est le cadre d’un événement historique sanglant pendant les guerres de religion.

Le roi Henri III s’installe en 1589 dans la maison de Gondi, afin de préparer le siège de Paris, alors occupé par la Ligue catholique. Le 1er août, il est poignardé par le moine ligueur Jacques Clément. Avant de mourir, il a le temps de désigner son successeur : Henri de Navarre, le futur roi Henri IV.
 

L’assassinat d’Henri III par Jacques Clément

De l'archevêque au Roi

Lorsque Jean-François de Gondi, premier archevêque de Paris, fait l’acquisition de la propriété en 1625, il porte tous ses efforts sur l’aménagement des jardins, dont les deux attractions principales sont la grotte du Parnasse et le bassin du Grand Jet.

À la mort de l’archevêque en 1654, ses héritiers vendent le domaine à Barthélémy Hervart, banquier d’origine allemande et intendant aux finances du roi Louis XIV.

Il agrandit la maison et améliore l’approvisionnement en eau du domaine. Ainsi embellie, la propriété ne manque pas d’attiser les convoitises.

En particulier celle du roi, qui en fait l’acquisition le 25 octobre 1658.
 

Bassin du grand jet

David Demangeot

Un palais princier

Louis XIV offre le domaine à son frère unique, Philippe d’Orléans, alors duc d’Anjou et futur duc d’Orléans, plus connu sous le nom de Monsieur.

C’est avec Monsieur que le domaine connaît sa plus grande métamorphose, avec l’agrandissement du parc, qui passe d’une dizaine d’hectares à plus de 400, la construction de la Grande Cascade et du château sur les plans d’Antoine Le Pautre et l’aménagement des jardins par André Le Nôtre.

Philippe d’Orléans et le Château de Saint-Cloud

Base Regards Jean-Luc Paillé

Révolutions et coups d’État : Saint-Cloud, palais du pouvoir

La demeure passe de père en fils au sein de la famille, jusqu’à Louis-Philippe d’Orléans, arrière-petit-fils de Monsieur, qui cède le domaine à la reine Marie-Antoinette, le 20 février 1785. La reine, qui pense un temps faire reconstruire entièrement le château, se ravise et entreprend une grande campagne de travaux et d’agrandissements, réalisés par son architecte favori, Richard Mique.

Durant l'été 1789, la Révolution éclate à Paris ! Le domaine de Saint-Cloud survit aux affres de la Révolution en intégrant la liste civile du Roi, comme résidence d'été officielle au sein de la nouvelle monarchie constitutionnelle. Le domaine endormi renoue avec l’Histoire lorsque Napoléon Bonaparte organise son coup d’État du 18 Brumaire dans l’orangerie du château.

C’est également à Saint-Cloud, au sein de la galerie d’Apollon, qu’il se fait désigner empereur le 18 mai 1804 ; et dans cette même galerie qu’il célèbre son mariage civil avec sa seconde épouse, Marie-Louise d’Autriche, le 1er avril 1810.

Après la fin de l’Empire, le château voit se succéder les différents souverains, pour leurs séjours dans l’une de leurs résidences d’été préférées. C’est à Saint-Cloud que Charles X signe les ordonnances qui provoquent sa chute et l’arrivée au pouvoir de Louis-Philippe Ier.
Le domaine sort à nouveau indemne de la Révolution de 1848. Le château reste d’ailleurs peu de temps inoccupé, avec les séjours récurrents du prince Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier. Tout d’abord élu premier Président de la République au suffrage universel masculin, il est proclamé empereur des Français le 7 novembre 1852 dans la galerie d’Apollon, tout comme son oncle quarante ans plus tôt.

Séance du Conseil des Cinq Cents tenue à St Cloud le 19 Brumaire An Huit

Guerres et destructions

Malheureusement, c’est également à Saint-Cloud que ce dernier signe la déclaration de guerre à la Prusse en juillet 1870. Sans le savoir, Napoléon III sonne le glas de cette demeure tant appréciée… Le château qui avait survécu jusqu’alors à plusieurs conflits et insurrections populaires, est bombardé lors des affrontements opposant les soldats français basés au Mont-Valérien et les soldats prussiens occupant le domaine de Saint-Cloud. Du château, il ne reste que des ruines fumantes après 48 heures d’un incendie ravageur.

Les vicissitudes ne s’arrêtent pourtant pas là. Durant la Seconde Guerre mondiale, sous l'Occupation, Saint-Cloud devient une place stratégique pour la Wehrmacht. Les Allemands font construire des miradors sur le Rond de la Balustrade, des batteries anti-aériennes sur le plateau de la Brosse et plusieurs bunkers et fortifications autour du jardin du Trocadéro.

L’assassinat d’Henri III par Jacques Clément

Le temps de la reconnaissance

Le classement du domaine parmi les monuments historiques le 9 novembre 1994 et l’obtention en 2005 du label jardin remarquable assurent aujourd’hui les conditions d’une mise en valeur respectueuse de l’exceptionnelle qualité historique et architecturale d’un des plus beaux jardins d’Europe.

Manifestations culturelles, expositions ou festivals sont autant d’occasions de redécouvrir ce jardin d’exception, voué par un décret de la Convention à être conservé et entretenu « aux dépens de la République pour servir aux jouissances du peuple ».
 

La terrasse de l’Orangerie

Éric Sander

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