Art & Architecture
article | Temps de Lecture7 min
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En vous promenant à l’ombre des grands arbres du Petit-Parc, vous rencontrerez peut-être deux géants de bronze cachés au creux d’un bosquet. Ces figures monumentales sont l’œuvre de Gérard Garouste. Découvrez leur parcours long et mouvementé pour parvenir jusqu’à Saint-Cloud !
Au milieu des années 1980, l’État passe commande à plusieurs artistes d’un ensemble de sculptures destinées à la cour, aux galeries et au jardin du Palais-Royal à Paris. Le peintre et sculpteur Gérard Garouste réalise une œuvre monumentale, composée de deux personnages et de trente-deux pieux en bronze, qui doivent se déployer dans les parterres du jardin. Pourtant, une fois achevé, le groupe sculpté n'est finalement pas installé à l’emplacement prévu.
Pendant de longues années, les propositions de nouveaux lieux se succèdent sans jamais aboutir. Le domaine national de Saint-Cloud est finalement proposé en 2009 à l'artiste. Il repense son installation et fait de nouvelles propositions de mise en scène de l’œuvre en fonction du site retenu, une ancienne salle de verdure, aménagée au XVIIIe siècle dans le Petit-Parc, en contrebas de la terrasse du château.
Initialement conçue pour les espaces ouverts du Palais-Royal, la présence des trente-deux pieux est remise en question par la présence d’arbres gigantesques. Pour les mettre en valeur, Gérard Garouste choisit de placer les deux personnages en vis-à-vis sur une terrasse circulaire de 6 m de diamètre, ornée de bas-reliefs en bronze. Cette forme fait écho à celles du bassin de Saint-Jean et de la salle de verdure qui l'entoure.
L'œuvre est inaugurée le 23 mai 2013, presque trente ans après sa création !
Derrière le titre Le Défi du soleil se cachent deux personnages nés d’un rêve fait par l’artiste lorsqu’il avait trente ans : le Classique et l’Indien. Dans la mythologie personnelle de Gérard Garouste, deux forces s’opposent toujours, que les uns appelleraient Apollon et Dionysos, d’autres la Raison et l’Inconscient. « Je voulais un personnage solaire, le Classique, et un personnage terrien, végétal, bucolique, l'indien. C'est leur complémentarité qui m'intéresse. »
Les deux figures sont tournées l’une vers l’autre. Entre les deux, une colonne tronquée sur laquelle figure une question, le mot latin QUID. Le personnage solaire propose un jeu à déchiffrer à son adversaire. Le défi est de savoir si l'indien, grâce à son intuition, à la liberté vagabonde de son imagination et à la ruse de son esprit, va saisir la règle.
« J'imagine un promeneur découvrant cette installation ... Intrigué par les symboles fixés sur la couronne en bronze, il va essayer de deviner le rapport entre les quatre aiguilles et les trois attributs (cube, sphère, cône) et d'en comprendre la règle. C'est un jeu d'observation qui se fonde sur la curiosité et dont la seule règle consiste à trouver la logique. »
En renouant avec la dimension symbolique et allégorique, Le Défi du soleil retrouve l’imaginaire esthétique des bosquets qui l’entourent : l’ordre et la surprise à la fois opposés et alliés.
Vous aussi, venez répondre au défi lancé par l’artiste !