Art & Architecture
article | Temps de Lecture7 min
Art & Architecture
article | Temps de Lecture7 min
L’eau est l’une des richesses du domaine national de Saint-Cloud. Fontaines, bassins et cascades l’utilisent de manière ingénieuse et théâtrale. Visitez les coulisses de ce spectacle, à la découverte d’un système d’alimentation perfectionné et agrandi pendant plusieurs siècles !
À Saint-Cloud, les jeux d’eau, tout comme l’aménagement des jardins, résultent de l’exploitation savante de la topographie. Au XVIIe siècle, ils associent les connaissances des fontainiers florentins et le génie de la mise en scène du paysage d’André le Nôtre.
Le site bénéficie de prédispositions naturelles : la présence de l’eau et le fort dénivelé du terrain. Les aménagements réalisés répondent à plusieurs impératifs : le stockage de l’eau et son transport, l’amélioration de la ressource, l’obtention d’une pression suffisante pour la mise en œuvre des jeux d’eau.
La ressource en eau reposait sur la présence d’un cours d’eau, le ru de Vaulichard, en provenance de Vaucresson, qui traversait le parc à l’origine. A partir d’un certain point, il était dévié de son lit d’origine et canalisé.
L’apport en eau était également fourni par plusieurs sources, à proximité du château. La source de la Reine ou source d’Aulnay était utilisée pour approvisionner la demeure en eau potable. Elle existe toujours, sous la terrasse du château, et alimente le bassin du Fer à Cheval.
En 1679, Louis XIV a offert à Philippe d’Orléans la propriété du financier Pierre Monnerot, l’actuelle mairie de Sèvres. Pour alimenter la cascade de son jardin, celui-ci utilisait les eaux d’une source à Ville-d’Avray, l’actuelle Fontaine du Roy. Monsieur dispose donc à partir de cette date d’un accès aux eaux provenant de Ville-d’Avray. Pour les conduire jusqu’à l’intérieur du parc, la construction d’un aqueduc est alors nécessaire. Entrepris en 1685, il est opérationnel à la fin du XVIIe siècle.
Le réseau hydraulique du ru de Vaulichard (branche nord) a été déconnecté dans les années 1960. Le réseau de Ville-d’Avray (branche sud) assure désormais seul l’approvisionnement en eau brute du domaine.
La mise en œuvre des jeux d’eau pendant une heure demande un volume d’eau de 1500 m3. Comment faire pour avoir autant d’eau en très peu de temps ?
Il faut stocker les eaux de pluie, recueillies au long de l’année dans des rigoles et des aqueducs souterrains en forêt de Fausses-Reposes. C’est le rôle des étangs de Ville-d’Avray. L’ensemble constitue une réserve de plus de 100 000 m3.
L’aqueduc de Ville-d’Avray recueille l’eau des étangs et l’achemine jusqu’au Grand Réservoir, situé sur les hauteurs du domaine. Son volume est 5 à 6 fois plus petit que celui des étangs. De ce réservoir partent des canalisations pour envoyer l’eau soit vers les jeux d’eau, soit vers le système d’arrosage.
L’animation des bassins est le résultat de la seule force de gravitation. C’est le dénivelé important du terrain jusqu’au front de Seine, 76 mètres entre le point le plus haut et le plus bas, distants d’environ un kilomètre, qui a permis l’installation en écoulement gravitaire du système. Tous les bassins sont interdépendants pour leur alimentation et leur fonctionnement.
Au fil des dénivellations abruptes des jardins, l’eau acquiert une pression naturelle. L’ouverture manuelle des vannes la fait cheminer de la Grande Gerbe aux bassins des 24 Jets, passer par la fontaine des Chiens et l’allée des Goulottes, pour jaillir à près de 30 mètres au Grand Jet et terminer sa course dans le bouillonnement de la Grande Cascade, avant de se perdre dans les exutoires en bordure de Seine.