D’après Jean Nocret (1615-1672), Portrait allégorique de Louis XIV et la famille royale, v. 1670. Huile sur toile, 194 x 217,7 cm. Domaine de Saint Cloud © Pierre Coudert / Centre des monuments nationaux
D’après Jean Nocret (1615-1672), Portrait allégorique de Philippe, duc d'Orléans, dit Monsieur, et de sa famille, v. 1670. © Pierre Coudert / Centre des monuments nationaux
Ces deux portraits allégoriques de la famille royale sont des copies d’après le célèbre portrait allégorique, aujourd’hui conservé à Versailles, aussi appelé L’Assemblée des dieux, peint en 1670. Il est commandé au peintre Jean Nocret, probablement pour le château de Saint-Cloud, propriété de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, dont il devient le premier peintre. Il est en effet sollicité pour décorer l’intérieur du château de Saint Cloud vers 1670, et parmi les nombreux tableaux exécutés par l’artiste, l’un d’eux représente la famille royale sous les traits des divinités de l’Olympe.
Une version plus réduite a été vendue chez Christie’s en 2007, tableau faisant partie de la galerie de portraits du duc d’Orléans au château d’Eu, que Dominique Brême pense pouvoir être un modello pour le tableau commandé par Louis XIV à Jean Nocret pour le château de Saint-Cloud. Cette copie, anciennement découpée en deux morceaux, a été achetée en 1997 pour le musée du domaine de Saint Cloud. Il est possible que cette version soit la copie réalisée par le peintre Jérémie Delutel (1657-1728), copie qu’Anne-Marie-Louise d’Orléans, dite la Grande Mademoiselle et cousine de Louis XIV, place dans un salon de son château de Choisy où elle est mentionnée jusqu’à la Révolution.
Dans cette œuvre, et dans le premier tableau conservé à Saint-Cloud, la famille de Louis XIV se présente sous les traits des dieux de l’Olympe : Louis XIV trône portant les lauriers d’Apollon tandis que, plus bas, la reine Marie-Thérèse est représentée en Junon, entourée du Dauphin qui lui tient la main et de la Petite Madame assise à ses pieds, tous deux sous les traits de putti.
Derrière Louis XIV se tient la Grande Demoiselle, fille aînée de Gaston d'Orléans, en Diane. Au centre de la composition, la reine mère Anne d’Autriche est représentée sous les traits de Cybèle, tenant entre ses mains un globe terrestre. Derrière elle se tiennent Marguerite-Louise et Elisabeth-Marguerite d'Orléans et leur mère, Marguerite de Lorraine-Vaudémont, seconde épouse de Gaston d'Orléans, symbolisant les Trois Grâces.
À gauche de la composition originale ainsi que dans le premier tableau de Saint-Cloud, figure, la famille de Philippe d'Orléans. Le frère du Roi se présente en Étoile du matin, entouré de son épouse, Henriette d’Angleterre en Flore, de sa fille Marie-Louise d’Orléans sous les traits de Zéphyr et de sa belle-mère Henriette-Marie de France, reine d'Angleterre, en Amphitrite portant un sceptre de Neptune ainsi qu’une branche de corail.
L’ensemble les membres de la famille de Louis XIV se présente dans un présent immuable, puisqu’au moment de l’exécution du tableau, Henriette de France et Anne d’Autriche sont déjà décédées. Dans le cadre en bas du tableau de Versailles sont également représentées les deux filles mortes au berceau de Louis XIV et de Marie-Thérèse, Anne-Elisabeth et Marie-Anne de France.
Les poses sont affectées au sein d’un décor champêtre idéalisé, tout comme les corps des personnages. La métaphore solaire y est clairement lisible : la Grande Mademoiselle en Diane, reflète le soleil comme la lune, tandis que son frère Philippe d’Orléans en l’Étoile du matin annonce l’aurore. Ce topos de l’imaginaire monarchique, connaît en effet son point culminant au cours des années 1670, avec le déploiement du mythe apollinien dans les décors du château de Versailles, en particulier ceux du Grand Appartement.
Jean Nocret (1617-1672), La Famille de Louis XIV en 1670 représentée en Travestis mythologiques. Huile sur toile, 305 x 420 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon © Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Marc Manaï